En voilà une question qui est intéressante… Mais c’est quoi une adresse IPv4 ?
Commençons par le début : chaque machine connectée à Internet est identifiée par une adresse IP (Internet Protocol). C’est une sorte de numéro personnel qui permet au réseau de repérer à quel endroit il faut envoyer les données. Au lancement d’Internet, c’est le protocole IPv4 qui a été choisi mais, avec l’évolution exponentielle du nombre de machines à connecter au Web, le nombre d’IPv4 disponibles est devenu insuffisant et il faut passer à l’IPv6.
Rentrons dans le détail : “Une adresse IPv4 est codée sur 32 bits (une succession de trente-deux 0 et de 1), traduits en système décimal par quatre nombres allant de 0 à 255, séparés par des points. Il peut donc exister 2 puissance 32 (environ 4,3 milliards) adresses différentes. Son successeur, IPv6, passe à 128 bits, ce qui donne 2 puissance 128, soit 340.282.366.920.938.463.463.374.607.431.768.211.456 adresses possibles” (source 20minutes.fr).
Pour faire simple, le réseau mondial doit passer du protocole IPv4 au protocole IPv6 pour que toutes les machines du monde puissent se connecter à Internet. Or le problème est double :
- les deux types de protocoles ne communiquent pas directement entre eux,
- et cela coûte cher de passer de l’un à l’autre car il faut que les fournisseurs d’accès adaptent leurs infrastructures.
Cela fait de nombreuses années que ce passage obligé a été identifié mais, comme souvent, on attend la dernière minute pour agir. Or la dernière minute est pour bientôt. En effet, on vient d’apprendre que l’APNIC (Asia Pacific Network Information Centre), qui gère les allocations d’adresses pour la région Asie-Pacifique, a distribué son dernier bloc d’adresses IPv4. La pénurie devrait s’étendre en Europe et au Moyen-Orient très rapidement.
Comme cette pénurie n’a pas été anticipée, c’est le foutoir et les grands acteurs du Web mettent en place des rustines technologiques pour que les utilisateurs ne pâtissent pas de cette situation. Ces solutions consistent principalement à exploiter au maximum les dernières adresses IPv4 en regroupant plusieurs utilisateurs sur une adresse ou à tenter de faire dialoguer entre eux l’IPv4 et l’IPv6.
On tire sur la corde un peu plus pour ne pas faire d’investissements et ces manipulations risque de mettre en péril l’équilibre d’Internet : gros ralentissements dus à des goulets d’étranglement, vulnérabilité accrue du réseau…
En conclusion, l’utilisateur de base ne devrait pas se rendre compte de ce qui se joue, ni subir de dommages collatéraux car toutes les machines communicantes actuelles savent gérer l’IPv6. Mais, comme d’habitude, pour faire quelques économies, on risque de déséquilibrer et d’affaiblir le réseau mondial incontournable : Internet.
Au passage, un grand merci à Darkadok qui m’avait alerté sur ce sujet, il y a quelques semaines.