Argent Personne n’est vraiment dupe : derrière les nombreuses propositions de filtrage d’Internet se cachent de gigantesques intérêts financiers.

On nous affirme vouloir assurer la juste rémunération des artistes, protéger les enfants, nous défendre contre les terroristes… mais finalement, un petit groupe de nantis cherchent à conserver certains monopoles pour continuer à s’enrichir.

La dernière intrusion du pognon dans le fonctionnement de notre Internet français date d’hier où le Tribunal de Grande Instance de Paris a ordonné aux fournisseurs d’accès de “mettre en œuvre ou faire mettre en œuvre, sans délai, toute mesure propres à empêcher l’accès, à partir du territoire français et/ou par leurs abonnés sur ce territoire, au contenu du service de communication en ligne” du site de paris stanjames.com (sans doute bloqué à l’heure où vous lirez ces lignes).

Selon Numerama, ce serait première fois que la Justice ordonne “le blocage d’un site Internet de paris en ligne après mise en demeure par l’Autorité de Régulation des Jeux en Ligne (ARJEL). Il s’agit de l’application d’une procédure inaugurée par la loi sur les jeux en ligne votée par le Parlement au mois d’avril“.

Cette décision de Justice est incroyable pour plusieurs raisons :
– le site en question n’était pas présent lors du jugement pour se défendre,
– il sera toujours très facile de contourner le blocage mis en place par les FAI (VPN…),
– on ne sait pas encore qui paiera les frais de blocages (assez importants apparemment),
– la juridiction accorde uniquement un délai de deux mois avant de prononcer les premières astreintes de 10.000 euros de pénalité par jour de retard (!).

Et voilà, encore une histoire de gros sous. Le site en question ne fait pas parti des sites qui reversent une part des bénéfices à l’État donc il est bloqué. Si la question financière est sans doute légitime, le problème, c’est qu’avec de tels précédents, on peut bloquer n’importe quel site : il ne plait pas au pouvoir donc il est bloqué !

Heureusement, comme pour HADOPI, la précipitation et le manque de connaissances sur le fonctionnement d’Internet vont vraisemblablement venir plomber le système que certains veulent mettre en place :
– les moyens techniques existent déjà pour contourner le filtrage,
– le financement n’est pas assuré : les FAI vont traîner les pieds,
– les règles européennes prévalent sur la loi française et j’attends avec impatience les premiers arbitrages en faveur de la liberté individuelle appliquée au Web.

Du coup, et encore une fois comme pour HADOPI, je me demande si notre gouvernement va s’y retrouver. Il récupérera sa part de bénéfices mais devra payer les frais de filtrage, les frais de justice et les pénalités s’il perd au niveau européen, les frais de présentation de ces décrets… et je ne parle même pas de l’image désastreuse de notre pays à l’étranger : le pays de la Liberté qui filtre Internet… Pour les propriétaires des sites par contre c’est bingo !

Une dernière petite remarque en passant. Je ne suis pas joueur de poker mais selon quelques sources bien informées, il semblerait que le blocage volontaire de sites aux joueurs français (par les sites eux-mêmes afin de se conformer à la nouvelle loi) soit fortement pénalisant pour ces derniers qui ne trouvent pas du tout leur compte dans l’offre “légale” : moins de joueurs, tables désertées la nuit, des gains beaucoup moins importants…

Comme d’habitude, les propriétaires des sites “légaux”, souvent assez proches des cercles du pouvoir, se remplissent les poches au détriment du joueur de base qui n’arrive plus à trouver le même plaisir de jouer…

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